Vue-avion-Fort-Barraux

Fort Saint-Barthélemy, ancien nom de Fort Barraux.

Charles-Emmanuel-1er-de-savoieLe Duc Charles Emmanuel Ier de Savoie prend la décision en 1597 d’édifier un fort en territoire français, sur la colline de Barraux. La construction est confiée à l’ingénieur piémontais Ercole Negro.
Pour narguer le connétable de Lesdiguières, protestant, le Duc décide de baptiser l’ouvrage Fort Saint Barthélemy !
La plupart des chênes de la forêt de Servette, qui servait de frontière naturelle au Moyen-Age, sont abattus pour sa construction. Les pierres proviennent d’une carrière au dessus de Barraux, mais aussi peut-être des forts (on ne parle plus de châteaux à partir du XVe siècle) de Bellecombe et La Buissière, abandonnés depuis une vingtaine d’années.
A peine terminé, le Fort est pris d’assaut par Lesdiguières dans la nuit du 15 mars 1598. Il avait écrit peu avant au Roi Henri IV qui s’étonnait qu’il puisse laisser l’ennemi construire une forteresse sur ses terres :
“Sire, la construction d’un fort à cet endroit est particulièrement bien choisie. Mais en raison de l’état des finances du royaume, il vaut mieux que ce soit votre cousin de Savoie qui en fasse la dépense. Quand il sera à peu près terminé et avant qu’il y mette une garnison sérieuse, je le prendrai.”

Les ingénieurs font évoluer le Fort au cours de l’histoire tout en conservant le plan général conçu par Ercole Negro.
Jean de Beins élargit la place du côté de l’Isère et construit en 1608 l’hôtel du Gouverneur ;
Camus construit les bas-forts sur le front de Grenoble ;
Hue de Langrunne régularise la courtine du front de Barraux et en détache le bastion central, qui devient la demi-luned’entrée.
L’entrée du fort se déplace plusieurs fois pendant ce siècle. D’abord située sur le front nord (on y accédait par la demi-lunede Savoie), elle se dissimule ensuite à la gorge du bastion du Roi, derrière l’orillon. Elle trouve ensuite sa position définitive au centre du front de Barraux.

bandeau-lefort-ciel

Le Fort et Vauban.

portrait-de-vaubanVauban arrive au Fort en 1692 et est très critique sur les travaux faits par ses prédécesseurs. Il demande la correction des faiblesses défensives les plus criantes :
Les fossés sont approfondis de 2 mètres ;
Le plan des bastions est modifié et leurs pointes relevées ;
La largeur des chemins couverts est réduite, leur tracé régularisé et leur profil remodelé.
Des traverses les coupent pour limiter l’efficacité des tirs à ricochet ;
Des souterrains voûtés et protégés des infiltrations sont construits aux flancs des bastions ;
Les guérites sont remodelées ;
La communication entre la place et la demi-lune de Savoie est aménagée sous la forme d’une caponnière à ciel ouvert comportant parapets revêtus et palissades ;
Les courtines des fronts de Savoie et de l’Isère sont dotées de tenailles légères et palissadées ;
Vauban décide enfin de la création de la redoute en direction de Grenoble.

Le XVIIIème et le XIXème siècle.

Le bâtiment d’entrée et l’arsenal sont terminés au début du XVIIIe siècle. Les casernes 17B et 17C sont construites.
La chapelle actuelle est construite en 1724 grâce à un don du Roi Louis XV sur l’emplacement des ruines de la première chapelle Renaissance.
Les travaux d’envergure ne reprennent que vers 1820 avec la construction par le Général Haxo d’un cavalier casematé sur le front de Grenoble pour renforcer sa défense.
Un obstacle cylindrique en maçonnerie, appelé “demoiselle”, est dressé verticalement sur l’arête d’une des traverses qui barrent le fossé. Les assaillants voulant franchir cette traverse étaient obligés d’embrasser la “demoiselle” pour la contourner, d’où son nom.
Dans les années 1870, l’attitude de l’Italie après la défaite de 1870 conduit à la construction de 6 forts autour de Grenoble, dont ceux du Murier et du Saint Eynard. Au cours du XIXe siècle, les défenses du Fort-Barraux sont également reconsidérées et renforcées.
Le Fort servira de prison pendant les 2 guerres mondiales, puis en 1947, il sera reconverti en dépôt de munitions.
Le Fort est désaffecté en 1988 et la commune de Barraux l’achète. Il sera classé au titre des Monuments Historiques en 1990.